Pendant ce temps-là sur Baissedunton, des toulonnais agitent le rock en France, Tom Waits rugit encore, des italiens du sud invitent à la danse...
Les Kalbeliyas du Rajasthan
Au Rajasthan, dans le Nord-Ouest de l’Inde, nombreux sont les nomades qui sillonnent le désert du Thar ou campent à la lisière des grandes villes. Cette terre fut le royaume des Empereurs, des maharajas, de leur cour et le berceau de tous les gitans du monde. Une terre de traditions spirituelles et musicales où la transmission de l'art se fait de père en fils depuis des générations. Parmi ces castes nomades, il y a entre autres les Gaduliya Lohars (forgerons et charrons), les Banjaras (à l’origine chargés du commerce du sel) et les Kalbeliyas ou Saperas. Dans cette communauté, les hommes gagnent leur vie grâce à leur connaissance des serpents. Ils savent les attraper, les dresser et soigner les victimes de leurs morsures conformément à l’enseignement de leur maître Kanipav Nath. Les Kalbeliyas sont une caste d'intouchables (la plus basse dans l’échelle sociale indienne) à la fois rejetés et redoutés. On trouve déjà des traces de ces musiciens errants en 420 av. J-C. Pas une foire du Pakistan n’échappe à la présence des Kalbeliyas. Leur musique et leurs danses illustrent la vie quotidienne deleur caste et accompagnent les grands moments de la vie,comme les naissances et les mariages. Les poètes musiciens qui composent les vers et les mélodies chantent l’amour, les dieux hindous, et les textes soufis (le soufisme est une pratique mystique de l’islam). Au printemps, à la fête du Holi, et uniquement à cette occasion, les femmes ont le droit d’exécuter la « danse du cobra », une danse qui imite les mouvements envoûtants du reptile. Les volutes de la danseuse sont accompagnées du traditionnel pungi (clarinette à deux tuyaux, l’un pour la mélodie, l’autre pour le bourdon), du dholak (tambour à deux faces) et du sarangui (vièle à archet).
Désormais « la danse du cobra » s’exporte à l’étranger grâce aux spectacles de Gulabi Sapera (qui a bravé tous les interdits sociaux), des troupes Musafir et Gitans Doad of Rajasthan. Il existe deux autres castes de musiciens dans le désert du Thar : les Langas qui font de la musique au service des Sindhis Sipahi (éleveurs du Thar) et les Manghaniyar qui jouent pour plusieurs communautés avec pour particularité d’utiliser les claquettes khartal. Aujourd’hui, la formation Chota Divana, tente, en se produisant dans le monde entier, de sauver ces traditions musicales ancestrales menacées d’extinction.